lundi 18 mai 2009

HELENA CHAPITRE UN extrait

HELENA

et l'orchestre du monde des brouillards

Dédié à Hélène Grimaud Stéphane MEER 28 juin 2007

Version française, NARRATEUR

Chapitre 1 : LE VILLAGE de BUSSY

"Laissez moi tranquille, je ne peux pas vous aider maintenant !" s'écrie Helena.

Elle reprend ses esprits et regarde autour d'elle.

Toute la classe de seconde du lycée Berlioz est comme figée autour d'elle dans une attitude d'étonnement et de consternation.

Le premier à rire c'est Marc, comme d'habitude : "Ca y est, elle nous fait encore son délire…"

Vincent acquiesce d'un rire sarcastique.

"Lussier, Fréau, ça suffit maintenant" dit Madame Fringer, respectable professeur de Physique-Chimie qui est bien décidée à ne pas laisser s'installer le chaos dans sa classe.

"Canta, qu'est-ce qui vous arrive encore ?"

Helena est d'abord sans voix, toute à l'émotion de revenir à elle si brutalement.

Et puis comment expliquer cet autre monde si étrange et ses hallucinations si réelles? Comment expliquer la prophétie, la forteresse noire, la croix de feu, le monde des brouillards et ces voix qui lui parlent et l'appellent au secours?

"La voix de la pierre détruira son pouvoir", "la voix de la pierre détruira son pouvoir",cette phrase qu'elle entend en boucle jour et nuit, d'où vient-elle ? Comment expliquer ce qu'elle ne comprend pas elle-même ? "Ils ont raison, je dois être folle" pense-t-elle."

Depuis la disparition de ses parents, plus rien ne fonctionne normalement. La vie était si simple et voici que maintenant tout est difficile. L'anxiété, ce mal invisible qui ronge de l'intérieur, a pris le contrôle de sa vie. "Où sont partis mes parents ? Pourquoi m'ont-ils laissée sans rien me dire ? Que leur est-il arrivé ? Comment vivre normalement, comme avant, alors que tout a changé ?"

"Mademoiselle Canta, il me semble que je vous ai posé une question, est-ce que vous m'entendez ou je dois utiliser le langage des signes ?" Dit le professeur d'une voix traînante, en fermant les yeux pour mieux exprimer son mépris.

Madame Fringer, du haut de son un mètre cinquante huit n'est pas femme à se laisser interrompre sans contre-attaquer. Nerveuse, d'une forte personnalité, frustrée de n'avoir pas eu d'enfant à elle, ses élèves sont ses substituts adoptifs, et puis attention, être professeur de Physique Chimie ce n'est pas n'importe quoi !

Helena déteste le sentiment de se sentir rougir, tous ces regards braqués sur elle, l'occasion de se divertir et de se sentir supérieur ne se rate pas lorsque l'on est en meute.

"Je, je suis désolée, excusez-moi."

"Est-ce que je peux reprendre mon cours ou est-ce qu'il faut que je vous fasse sortir ?"

"C'est bon, ça va aller"

"Très bien, donc, qui peut me dire l'impédance que je dois mettre en parallèle avec Z2 pour que le circuit soit accordé ? Lussier, vous qui faites le malin…"

Un peu plus tard enfin le cours se termine.

Sohane s'approche d'Helena qui range ses affaires, le regard baissé.

"Ca va Helena ? C'est pas évident tout ça."

"J'en ai marre, je me sens stupide quand ça m'arrive, surtout au milieu d'un cours comme ça, c'est nul !"

"Tu t'en fous, c'est pas important. Ce qui compte c'est que nous on t'aime et qu'on te soutient"

Helena sent une brusque pulsion de larmes monter en elle, l'envie de se lâcher, de faire sortir toute cette frustration et cette angoisse qui bouillonnent en elle, les humiliations, sa différence, et pourtant son amie qui la soutient toujours. Et quelle amie, brillante, belle, pleine de mystère et de romantisme, douée et pleine de facilité dans tous les domaines. Pourquoi une jeune fille aussi exceptionnelle serait-elle l'amie d'une folle qui crie en pleine classe ?


A suivre...

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